Dans cette interview, Olivier Herbout, cofondateur de Ramify, partage sa vision du recrutement dans un secteur exigeant. Il revient sur les défis de l’attractivité, l’importance de la culture d’entreprise et les profils clés pour accompagner la croissance de Ramify en 2025.
Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter, expliquer la genèse de Ramify et où vous en êtes aujourd’hui ?
Bien sûr. Je suis Olivier Herbout, un des deux cofondateurs de Ramify. Avant cela, je suis ingénieur de formation, diplômé de Centrale, et j’ai aussi fait un master en Financial Engineering. Mon premier poste a été chez Goldman Sachs, où j’étais gérant dans leur équipe Quantitative Investment Strategies.
Au sein de Ramify, je m’occupe de tout ce qui touche à l’investissement, la recherche, l’aspect conseil, les partenariats, ainsi que la relation presse. Pour faire simple, nous sommes partis du constat que le segment Mass Affluent – c’est-à-dire les personnes qui investissent entre 100 000 et 5 millions d’euros – était très mal conseillé et mal équipé. Nous avons donc vu une opportunité de différenciation avec Ramify.
Il y a donc un enjeu de modernisation d’une activité historique de la banque privée. Votre positionnement est de digitaliser la gestion de patrimoine et l’investissement en banque privée. Vous avez une équipe avec un ADN très tech. Comment avez-vous structuré votre croissance et recruté les bonnes compétences ?
Absolument. Dans notre métier, le plus grand atout, c’est la réputation. Et juste derrière, ce sont les personnes qui composent l’équipe. Or, quand on démarre, on n’a ni l’un ni l’autre. La réputation se construit avec le temps, donc il faut avoir des standards exigeants et cela commence par les talents que nous recrutons.
Nous avons donc mis un point d’honneur à nous entourer de personnes très talentueuses, avec des valeurs morales et éthiques fortes, ce qui est d’autant plus crucial dans notre domaine.
Au départ, le recrutement s’est fait essentiellement par Samy (mon associé) et moi-même. C’était un enjeu vital pour l’avenir de la boîte, donc nous ne pouvions pas déléguer cette mission. Aujourd’hui encore, nous y sommes très impliqués. Nous sommes 15 collaborateurs, ce qui reste une petite équipe pour une entreprise qui a levé 11 millions d’euros en série A l’année dernière. Mais nous avons mis la tech au cœur de notre ADN, et ce n’est pas juste un mot à la mode : cela nous permet d’être très efficaces.
Le recrutement reste un vrai défi. Nous avons passé beaucoup de temps à convaincre les premiers talents de nous rejoindre, alors que nous n’avions ni site, ni argent, ni structure. Juste notre enthousiasme et notre motivation. Bien sûr, la rémunération est un facteur clé dans une prise de décision, mais quand on n’a pas de moyens conséquents, il faut offrir autre chose. Nous avons donc mis en place un système de BSPCE, permettant aux employés d’avoir une prise de participation dans Ramify. Cela compense un package initial plus modeste et permet d’embarquer des talents dans l’aventure sur le long terme.
En 2024, vous avez reçu plusieurs prix et beaucoup de visibilité grâce à votre levée de fonds. Est-ce que cela a eu un impact sur votre marque employeur et votre attractivité ?
Oui, cela a eu un impact certain, même si nous ne recrutons pas 50 personnes par an. Nous sommes dans un domaine d’orfèvrerie, où chaque recrutement est très ciblé.
Difficile d’avoir des données précises sur l’effet de cette visibilité, mais nous avons réussi à attirer les talents que nous cherchions. Cela nous a certainement aidés en termes de notoriété et de reconnaissance.
Sur l’aspect business, c’est un peu différent. Une levée de fonds en soi n’apporte pas nécessairement de clients. Nos clients sont souvent des investisseurs de 40-50 ans, qui recherchent de la performance et du conseil plutôt que de l’innovation pour l’innovation. L’important, c’est que notre communication serve cet objectif et nous positionne comme une entreprise solide et crédible.
Nous avons obtenu de nombreuses reconnaissances professionnelles. Être nommé par Le Figaro comme l’une des meilleures solutions d’investissement, ou recevoir des prix de Les Échos, cela renforce notre réputation et notre crédibilité. Dans un secteur où être un acteur jeune est rarement un avantage, c’est un levier essentiel pour convaincre.
Quels sont les grands enjeux pour Ramify en 2025 et dans les années à venir ?
L’un des premiers enjeux, c’est de continuer à renforcer notre position sur le marché du B2C. Nous avons acquis beaucoup de certitudes sur notre modèle et notre capacité à bien adresser notre clientèle Mass Affluent.
Nous voulons aussi tester un nouveau canal de distribution, le B2B2C. En fin d’année 2024, nous avons lancé notre premier fonds, le X Fund, en partenariat avec Tygrow, une société de gestion. Nous avons donc commencé à recruter une équipe de conseillers en B2B2C, ce qui est une nouvelle verticale pour nous.
Notre objectif est donc double :
- Continuer à investir dans notre modèle B2C, qui a fait notre force jusqu’ici.
- Développer le B2B2C, en construisant une équipe dédiée pour tester ce canal.
Nous avons beaucoup misé sur la tech ces dernières années, et aujourd’hui nous devons scaler notre modèle. Cela implique des recrutements plus axés sur le marketing et les conseillers, car même avec une forte automatisation, l’humain reste central dans le conseil.
J’ai vu que tu avais publié un post mettant en avant 5 collaborateurs. S’agit-il de l’équipe B2B2C en construction ?
Non, il s’agit de l’équipe B2C. Pour être transparent, sur la photo, il y avait un stagiaire et un alternant, et nous avons choisi de montrer des profils proches des clients, même si tous ne sont pas officiellement conseillers.
Aujourd’hui, notre équipe de conseillers en CDI est composée de deux personnes, mais nous avons vocation à la renforcer avec de nouveaux recrutements.
Pour les talents qui souhaiteraient vous rejoindre, quel type de profils recherchez-vous ?
Nous recherchons des passionnés, des personnes qui exercent leur métier avec enthousiasme et engagement. Nous ne demandons pas forcément 10 ou 15 ans d’expérience, mais plutôt 2 à 3 ans, avec une véritable passion pour le métier.
Nous voulons aussi attirer des profils qui ont pu être déçus par leur première expérience, soit à cause d’un environnement trop politique, soit à cause d’une offre trop rigide qui ne leur permet pas d’exercer leur métier efficacement. Nous leur proposons un cadre où ils pourront se concentrer sur le conseil client, sans être entravés par des tâches administratives lourdes.
Merci beaucoup Olivier pour cet échange !
Avec plaisir !